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Déluges et autres péripéties

Programmation de concerts acousmatiques avec spatialisation du son sur l’acousmonium INFLUX proposé par Annette Vande Gorne (Musiques & Recherches).  

  • Déluges et autres péripéties – 16.2 canaux, 28′ – sur un texte de Werner Lambersy, voix de W. Lambersy et F. Vanhecke.(A.Vande Gorne)

“Nous attendons la destruction”. Ce leitmotiv est asséné avec brutalité au cours de dix versets, qui démontrent, en prenant appui sur toutes les activités et sensations humaines, avec la puissance évocatrice et la sensibilité d’un de nos plus éminants poètes belges francophones, que la seule issue pour une renaissance de notre civilisation sous d’autres auspices, est celle de sa mort.

  • Icebergs (MJ Wyckmans) – 11’10 – pour une exposition de Michel Bocard

La fonte des glaciers est lente, inexorable et continue. Le temps s’est figé, parcouru de minuscules phénomènes ou de grandes ruptures. Sans drame apparent ces événements se fondent et grossissent, dans le flux immobile du temps.

  • Fin de crise (MJ Wyckmans) – 7’10

Dernière partie d’une trilogie composée tout au long des années de pandémie.

  • Turbulences (MJ Wyckmans) – octophonique – 8’02 – création mondiale

Traduction musicale du climat éco- anxiogène que nous traversons. Des phénomènes inattendus, qui n’aboutissent pas et changent constamment de trajectoires mettent l’écoute sous tension, comme dans la vraie vie où les phénomènes météorologiques peuvent à tout moment déclencher des catastrophes propices au sentiment de crainte si ce n’est de peur. Cette pièce a été composée en octophonie afin d’immerger les auditeurs dans ces « turbulences ».

L’écriture, les techniques de composition si variées de Debussy trouvent un écho direct dans les techniques d’écriture sur support et les traitements électroacoustiques du son. Et puis, il y a ce rapport particulier à la nature comme modèle. Une nature entendue dans sa diversité de mouvements énergétiques et de couleurs spectrales par une oreille musicienne qui tente non de la décrire par des « sons » anecdotiques, mais d’en faire une relecture, une transposition de l’énergie qui agite les phénomènes naturels. A son tour, Debussy est ici pris comme modèle de comportement énergétique et musical, non pas uniquement source sonore, mais référence stylistique et dialogue, cent ans plus tard.

 

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Annette Vande Gorne

Après ses études classiques aux Conservatoires Royaux de Mons et de Bruxelles et avec Jean Absil, Annette Vande Gorne découvre l’acousmatique au détour d’un stage en France. Convaincue du caractère révolutionnaire de cet art, elle entreprend la musicologie (ULB, Bruxelles) et la composition électroacoustique avec Guy Reibel et Pierre Schaeffer (CNSM, Paris). Elle fonde et anime Musiques & Recherches et le studio Métamorphoses d’Orphée (Ohain, 1982), ainsi qu’un cycle de concerts et un festival acousmatique «L’Espace du son» (Bruxelles, 1984, annuel depuis 1994) grâce à la constitution d’un acousmonium «Influx» de 80 haut-parleurs. Elle initie la revue d’esthétique musicale «Lien», publication thématique qui fut, par exemple, la première en 1988 à s’intéresser, sous la direction de Francis Dhomont, à l’espace du son. Elle fonde aussi le concours de composition acousmatique «Métamorphoses» et le seul concours d’interprétation spatialisée «Espace du Son» et constitue peu à peu le seul centre de documentation sur les musiques électroacoustiques. Depuis 1980, elle spatialise plus de 600 concerts sur acousmonium: ses œuvres et celles d’autres compositeurs. Elle remporte le Prix SABAM 1985 et 1995 pour l’ensemble de son œuvre. Elle est aussi membre fondatrice de la FeBeME (fédération belge des musiques électroacoustiques).

Professeur de composition acousmatique au Conservatoire royal de Liège (1986), puis de Bruxelles (87) et de Mons (93, honoraire depuis 2011 et 2016 pour le cours d’interprétation spatialisée), elle y fonde une section de musique électroacoustique autonome, depuis 2002, qui compte aujourd’hui une équipe de 14 professeurs spécialisés, pour un master (5 ans) ou un doctorat (8 ans) en composition acousmatique.

Ses œuvres sont entendues dans tous les festivals qui laissent place à la musique composée sur support. La nature et le monde physique sont des modèles pour un langage musical abstrait et expressif. L’écriture de l’espace, considéré comme cinquième paramètre musical en relation avec les quatre autres et les archétypes utilisés, est un domaine de recherche qui la passionne. Le rapport au mot, au sens et à la matière vocale est l’autre sujet de recherche qui l’occupe. Son œuvre est essentiellement acousmatique, comme la suite Tao ou «Ce qu’a vu le vent d’Est» et son opéra «Yawar fiesta», deux œuvres qui renouvellent le lien de la musique acousmatique avec l’histoire de la musique occidentale, outre quelques incursions dans d’autres arts: théâtre, danse, installation de sculptures, musique mixte.

 

​​Marie-Jeanne Wyckmans

Bruiteuse professionnelle pour le cinéma, sa passion pour le son et l’écoute l’a conduite à découvrir la musique acousmatique en 1984, lors du 1er festival acousmatique international «L’Espace du Son» à Bruxelles. Attirée par le titre du festival, elle y découvre avec bonheur les possibilités qu’offre l’acousmatique: sens figuré de l’espace dans les œuvres stéréophoniques, et interprétation spatialisée des œuvres acousmatiques en concert qu’elle pratique régulièrement depuis 1988.
Après son diplôme en montage de film dans une école de cinéma (INSAS), elle obtiendra un premier prix (1990), puis le Diplôme Supérieur de composition acousmatique (1993) dans la classe d’Annette Vande Gorne aux conservatoires royaux de Bruxelles et de Mons. 

Tout en poursuivant son métier dans le monde du cinéma, elle y adjoint de nombreuses créations sonores appliquées au cinéma, la danse, la télévision, le théâtre, la vidéo. Son intérêt principal reste cependant axé sur la composition électroacoustique/acousmatique qu’elle a enseignée dans différentes écoles supérieures des arts. Ses œuvres reflètent son goût pour les mondes imaginaires, comme ceux transmis par la radio qu’elle écoute quotidiennement, qu’elle transmet sous forme de paysages imaginés, dont les sons iconiques et transformés sont les repères qui guident les représentations mentales de l’auditeur. Elles reflètent aussi son aptitude, acquise grâce à son métier de bruiteuse, à faire parler naturellement les sons non instrumentaux, à les rendre expressifs, à manipuler les corps sonores avec précision, attentive aux infimes variations sonores éloquentes qu’ils proposent. L’enregistrement de paysages et la séquence-jeu sont dès lors les pierres angulaires de ses œuvres.