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Tectonique Chthonienne

La mythologie chthonienne renvoie à un outremonde souterrain dans lequel s’active les forces créatrices primordiales qui façonnent le monde épichthonien (le monde terrestre). La tectonique des plaques peut-être vue comme l’expression palpable de cette activité. Elle dessine les paysages, fait naître des îles et redistribue la géographie des continents. Cette activité quasi invisible à l’oeil nu se manifeste pourtant par des sons qui se situent dans le domaine de l’infra-basse, donc quasi imperceptible à l’oreille, sauf à l’occasion de séismes résultant d’une activité intense.

Le paysage sonore qui en résulte peut être caractérisé par le craquement, la déchirure, le tremblement, le grognement et le bourdonnement. C’est ce champ lexical là que Guillaume CAZALET entend explorer, en continuité avec son travail sur ce territoire sonore primitif depuis quelques années déjà, comme en témoigne son catalogue sur le label Homo Sensibilis Sounds, tant dans son travail solo (CZLT) qu’au sein de formations comme Neptunian Maximalism. Pour se faire, il utilise un instrumentarium hérité du métal extrême, fait de multiples amplificateurs, de guitare électrique et de distortion/fuzz. 

L’amplification à haut niveau est une caractéristique incontournable de ce projet car elle permet de révéler ce domaine de l’infra-basse, inaudible par essence, mais palpable par vibration de la matière. Une approche physique du son, résolument expérimentale, qui n’exclut pas pour autant le sentiment de l’équation par une subtile manipulation de l’harmonie, de l’espace et du temps. Comme à son habitude, art, spiritualité et science doivent trouver un certain équilibre dans son travail pour susciter le sentiment soteriologique à travers une expérience esthétique forte susceptible d’éveiller notre sensibilité face aux enjeux sous-jacents à ce travail : notre rapport au concept de nature.

D’un point de vue symbolique, un tel projet peut-être vu comme une occasion de réfléchir ou de contempler par l’imagination les mécaniques invisibles de notre planète ainsi que d’interroger l’impact de l’ère anthropocène qui affecte la couche géologique qui est la nôtre et bouleverse l’équilibre de notre écosystème. Inspiré par la philosophie écologiste de Bruno Latour à Vinciane Despret, Guillaume CAZALET veut faire passer un message : « La modernité — cette conception de l’humanisation de la nature — est terminée. La nouvelle classe écologique est en cours de réalisation. En ma qualité d’artiste, j’ai pour mission d’éveiller votre sensibilité et d’éduquer votre cœur à l’accomplissement de cette révolution ». 

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Né en 1988 à Nîmes, en France, Guillaume Cazalet (CZLT) a grandi entre la Camargue et les Cévennes. Il vit et travaille aujourd’hui à Bruxelles en tant que musicien, compositeur, producteur et directeur du label Homo Sensibilis Sounds dont il conçoit les identités visuelles grâce à son activité de graphiste et de peintre/dessinateur. Il compte parmi ses projets actifs Neptunian Maximalism (NNMM) ; Czlt ; Ôros Kaù ; Sol Kia ; Zaäar ; Jenny Torse ; Aksu, et parmi ses anciens projets : Lab’OMFI, Siamese Queens, Bonepipe, Vorax Virosus.

Andrés Navarro Garcia (La Unión-Espagne, 1992) est un percussionniste qui concentre son travail dans le domaine de la musique expérimentale. Il combine son activité de soliste avec celle de plusieurs ensembles. Il développe actuellement la majeure partie de son activité artistique en Belgique où il habite depuis 2017 et où il a étudié son master en percussion à l’École des arts KASK & Conservatorium (Gand) avec les professeurs Wim Konink et Gert D’Haese. En tant que musicien, Andrés aspire à rapprocher son univers esthétique à toutes sortes de publics. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé dans les domaines de la composition, de la recherche, de l’enseignement et de l’improvisation.